Mes textes (Stanie)

Elle fermait ses yeux couleur jade et chantonnait. Sa mère l'avait réveillé peu de temps avant, lui disant des mots pouvant détruire l'âme de toute personne pouvant les entendre. Le cœur de la jeune fille était déchiré, déchiqueté, disloqué, à ramasser avec douceur et à réparer avec lenteur et attention. Le moindre faux pas la conduirait dans le monde des morts. Malheureusement, personne n'était là pour elle, elle devait se reconstruire seule. Ainsi, elle chantait un requiem en pensant à son père et son grand-père. Des images apparaissaient dans son esprit, puis s'en allaient aussi vite que lorsqu'elles étaient venus. Des larmes coulaient sur ses joues porcelaines, ses cheveux d'or étaient attachés derrière sa tête, en bataille ; ses lèvres étaient rosés. Ses yeux clos lui donnaient un aspect serein mais cette eau s'échappant rompait cette impression. Soudain, il était possible de revoir ses iris ; ses larmes redoublèrent. Elle se leva subitement et fit couler de l'eau dans une baignoire en marbre blanc. Elle installa bougies et son rasoir au bord. Elle se dévêtit très doucement, avec précaution. Elle mit une jambe dans son bain et l'autre suivit la première très vite. L'eau était son élément et la mort la plus magnifique est celle où la fin est dans ce que l'on est, notre élément, notre force naturelle incontrôlable. Elle ferma de nouveau les yeux, se boucha le nez et plongea sa tête sous l'eau. Elle la ressortie aussi vite pour prendre l'air. Ses yeux restaient clos. Petite poupée de porcelaine deviendrait-elle poupée de chiffon ? Sans aucun doute. Elle prit l'arme. Un coup de lame et une dernière larme. Sa fin fût longue et douloureuse, sa main trempait. L'eau transparente devint rougeâtre. Son âme s'envola ensuite rejoindre Cerbère et le maître des enfers.

Merci. C'est normal, on ne sait pas ce qu'elle lui a dit, on imagine tout ce que l'on veut. D'ailleurs, c'est fait exprès, que le lecteur voit ce qu'il veut dans les propos de la mère. Il imagine ainsi les pires choses que l'on pourrait lui dire et le conduire ainsi à la mort. Moi, j'ai une idée de ce qu'elle lui a dit mais quelqu'un d'autre qui lira ce texte pensera sans doute à autre chose car les mots horribles ne sont pas les mêmes pour chaque personne, sans doute que les mots qui (pour moi) feraient un mal horrible pour d'autre paraitrait anodin. Enfin bref, je sais pas du tout si je me suis bien expliquée.

Juste pour le beau plaisir d'entendre ta voix me susurrer à l'oreille de doux mots de haine. Cette haine empoignant nos entrailles dans son élan de rage, de courage. Partira t-elle un jour ? J'ose espérer que non. Sans cette colère taraudant, talonnant notre cœur nous ne serions que deux pauvres successions d'atomes s'envolant au gré vent. Nos baisers ne seraient pas si malsain, nos âmes ne seraient pas si torturés. Notre être souffre de masochisme aigu. Notre passé est difficile. Tout enfant est heureux de sa vie face à la notre. Deux personnes affligés et malsaines ensemble, ne trouves-tu pas cela magnifique ? L'amour est parsemé de haine. Je n'y crois pas. Notre haine est parsemé d'amour. Cela sonne tellement plus vrai à mes oreilles. Si l'un meurt l'autre le suit. Nous sommes attachés l'un à l'autre. Et aujourd'hui je comprends enfin l'inexorable vérité. Ne suis-je pas pitoyable mon amour ? Je t'aime le sais-tu ? Je te hais, le comprends-tu ? Mais pour l'éternité je veux être à tes doux côtés à humer ta si enivrante odeur, à gouter ta peau si sucré, à entremêler ta langue si assoiffé de passion, cherchant la mienne avec ardeur comme si elle était ton sucre d'orge promis. Cette exquise illusion fait lever mes commissures. Ma décision est prise. Ce soir, je te tue. Ce soir, je me tue.