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 *Textes de Milana*

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Smily
Milana
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MessageSujet: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeVen 26 Déc 2008, 9:51 pm

Le texte suivant a été écrit pour un concours étudiant, dont voici le thème :

Concours étudiant de la nouvelle.
Le concours étudiant de la nouvelle est ouvert à tous les étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur pour l’année universitaire 2008-2009.
Exprimez vos talents d’écrivain sur le thème “Vélo”, en rédigeant une nouvelle, qui doit être :
o Un récit bref comportant peu de personnages et un temps fort autour duquel la trame narrative se construit.
o Une oeuvre originale non publiée comportant un titre et le nombre de mots (2500 mots au maximum).
o Un document écrit en français, anonyme, soigné, dactylographié et paginé.

Mon texte :


Souvenir

Une lumière diffuse parmi les ombres, l’écho lointain d’un rire englouti par les méandres du temps… Les souvenirs me reviennent, bourrasque vive giflant mon visage avec la force incisive des remords…

« Qui était-ce ? m’enquis-je.
- Oh, personne, répondit-elle évasivement, soulignant son laconisme d’un hochement d’épaules.
- Je vois. Tu passes ton après-midi avec personne, ironisai-je.
- Epargne-moi ton humour subtil, s’il te plaît.
- J’ai tout de même le droit de savoir qui est le charmant jeune homme avec qui ma fille a passé plusieurs heures sous mon toit, souris-je.
- Il s’appelle Matteo, il est dans ma classe, j’ai révisé la philo et la littérature avec lui. Voilà, tu es content ? »
Etouffant un soupir agacé, elle tourna les talons.
« Absolument ravi ! » lui lançai-je tandis qu’elle gravissait l’escalier avec le projet de se barricader dans la forteresse qui lui tenait lieu de chambre.
Je n’appréciais que modérément ces longues heures que Linda occupait à je ne savais quoi avec ce Matteo ; il m’était évidemment difficile de croire qu’ils passaient autant de temps à réviser sagement tous les deux… inutile d’avoir vu trop de séries américaines pour adolescents pour partager mon opinion. Je passai une main distraite dans mes cheveux, me promettant d’avoir une conversation sérieuse avec elle le plus tôt possible.

Le rai de lumière éclaire toujours la roue désormais engloutie sous la poussière des années ; entre les rayons métalliques se dessinent les bribes du passé, qui se jouent de ma culpabilité dévorante. Et pourtant, je suis incapable de détourner le regard…

« Linda ! Pas si vite. J’ai à te parler. »
Elle se retourna avec humeur, la main posée sur la poignée de la porte d’entrée. La lumière ambrée de son regard sembla fouiller au fond de moi, consumant ma détermination ; ma fille me faisait toujours perdre tous mes moyens. Mais je ne devais pas fléchir, pas une fois de plus.
« Qu’est-ce qu’il y a, encore ? se renseigna-t-elle, impatiente.
- J’aimerais que tu me dises enfin la vérité, laissai-je tomber. C’est tout.
- La vérité ? Mais quelle vérité ? »
Elle semblait sincèrement stupéfaite, et je commençai à douter. Mais ses doigts tambourinant imperceptiblement la poignée me parurent la trahir.
« A propos de Matteo, ou quel que soit son prénom. A propos de ce garçon que tu vois sans cesse ; tu pense vraiment que j’ai cru à tes histoires de révisions ? »
Elle se mordit la lèvre inférieure, détournant légèrement le regard. Le gibier était acculé ; il suffisait que le chasseur ne le prenne pas en pitié.
« Alors ? insistai-je.
- Alors, rien du tout ! Oui, je sors avec lui, et après ? Est-ce que ça va changer la face du monde ? »
J’avalai l’information avec peine ; il me faudrait sans doute quelque temps pour la digérer. Evidemment, pourquoi ma fille de dix-sept ans se serait-elle miraculeusement désintéressée de la gent masculine ? C’était parfaitement de son âge. Je devais la laisser tranquille, repousser mon instinct paternel protecteur rugissant.
« C’est bon ? L’interrogatoire est terminé ? voulut-elle savoir, une pointe de sarcasme dans la voix.
- Ta petite escapade également. Tu ne bouges pas d’ici cet après-midi. Je ne veux pas que tu fasses de bêtise. »
Je me maudis intérieurement, mais le mal était fait. Le regard d’ambre me brûla violemment le visage.
« Quoi ? Est-ce que tu te souviens que je n’ai plus cinq ans ?
- Justement. Tu es peut-être plus irresponsable encore maintenant. »
Mais qu’est-ce que je racontais ?
« Mais qu’est-ce que tu racontes ? »
Elle se fit l’écho de mes pensées.
J’aurais dû m’excuser d’être si possessif, lui dire en souriant qu’elle pouvait partir, et refermer sereinement la porte derrière elle. Oui, j’aurais dû.
« Monte dans ta chambre. Tout de suite. Et inutile de répondre. »

Poussant la porte un peu plus, je laisse la lumière pénétrer davantage à l’intérieur du vieux garage plongé dans l’obscurité. Ma douleur se fait plus aiguë à mesure que le soleil caresse le guidon brisé, dévoile la peinture ébréchée du squelette métallique torturé…

Je ne l’entendis pas redescendre les escaliers discrètement, se glisser dans le vestibule, pousser doucement la porte. Je ne l’entendis pas redresser le vieux vélo appuyé au mur du garage, délaissant son scooter afin qu’aucun bruit de moteur ne vînt m’alerter. Je ne l’entendis pas descendre l’allée, franchir le portail à la peinture blanche immaculée renvoyant les rayons du soleil d’avril. Je ne la vis pas, par la fenêtre du salon, pédaler vivement le long la rue, s’empressant de rejoindre l’élu de son cœur, dont je n’aurais jamais dû la tenir éloignée. Sans doute étais-je plongé dans un roman passionnant. Sans doute étais-je trop occupé à parfaire mon rôle de père possessif et égoïste pour me soucier de ses sentiments.
Je n’entendis rien jusqu’à ce que la sonnerie du téléphone ne me tire de ma captivante lecture. Je n’entendis rien jusqu’à ce que la voix d’un pompier gêné ne me demande, à l’autre bout du fil, si j’étais bien le père de la jeune Linda. Je n’entendis rien jusqu’à ce que ce poids atroce ne s’abatte sur mon cœur pour ne plus jamais le quitter. Je courus jusqu’au carrefour, sans prendre la peine de refermer la porte derrière moi. Des rubans de plastique coloré délimitaient le lieu de ce qui devint mon pire cauchemar, celui qui devait à jamais hanter mes nuits. Une voiture. Son vélo plié en un angle étrange. Une ambulance, tout près. La première chose que je vis, ce furent deux pieds inertes entre les portières entrebâillées.
Je n’entendis pas les dérisoires condoléances du pompier qui m’avait appelé. Mes yeux se posèrent enfin sur son visage pétrifié en un masque de terreur, se plongèrent dans le regard d’ambre que la vie avait déserté ; un regard désormais tourné vers l’éternité, et qui plus jamais ne se planterait, brûlant, dans le mien, pour me punir de n’être qu’un homme, qu’un homme misérable face à cet ange qui venait de s’envoler pour ne plus jamais revenir sur cette terre…
Je n’entendis pas vraiment la voix de l’homme qui voulut savoir si je souhaitais récupérer le vélo meurtri dont la maigre silhouette semblait se tordre de douleur sur la route.
Depuis cet instant, je n’entendis plus rien. Plus rien que la voix accusatrice de Linda résonnant sans fin entre les murs de mon esprit…

La porte est à présent tout à fait ouverte. Une lumière timide baigne le vélo, glissant malicieusement entre les rayons à demi mangés de rouille. Ce vélo maudit qui fait déferler en moi le souvenir de l’erreur qu’il ne me sera jamais donné de réparer.
Ce vélo qui est tout ce qu’il me reste. Ce vélo qui est le cadavre de mon autre vie, cette vie où ma fille pouvait encore poser sur moi ses yeux enflammés, cette vie où je n’avais pas encore prononcé un mot de trop.
Je ne me rappelle que trop bien la dernière chose que je lui ai dite : « Inutile de répondre ».
Alors pourquoi, pourquoi sa voix aux accents vengeurs ne cesse-t-elle de s’élever en moi ?



... Je ne sais pas si le thème du vélo est vraiment bien respecté... à votre avis ? =/


Dernière édition par Milana le Sam 17 Jan 2009, 5:52 pm, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeSam 27 Déc 2008, 8:33 am

Wooooow, j'ai rien à dire, tu sais que pour moi tu es un modèle vis-à-vis de l'écriture & tu m'émerveilles à chacun de tes récits. Embarassed
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeSam 27 Déc 2008, 3:03 pm

Ooh... merci. Embarassed
(Un modèle, moi ? Mais c'est toi mon modèle !)
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeSam 27 Déc 2008, 3:20 pm

Impossible XD.
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeSam 27 Déc 2008, 4:13 pm

Oh que si, totalement possible !
J'admire tellement ton écriture. ♥️
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeDim 28 Déc 2008, 5:12 am

Vous êtes toutes les deux hyper talentueuses, je ne suarais trancher. Z'êtes mes modeles, avec Dakota aussi. Alors battez vous pas ! xP
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeDim 28 Déc 2008, 5:03 pm

Whou, ça me fait bizarre d'être élevée au rang de modèle au même titre que la personne qui a écrit ce texte. C'est trop d'honneur, vraiment Shocked
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeDim 28 Déc 2008, 5:14 pm

Smily a écrit:
Wooooow, j'ai rien à dire, tu sais que pour moi tu es un modèle vis-à-vis de l'écriture & tu m'émerveilles à chacun de tes récits. Embarassed

Smily a tout dit :p
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeDim 28 Déc 2008, 5:58 pm

C'est nul. A chier. De la merde en boîte sellé et expédié mais intercepté par la douane donc détruite et avec en résultat une amande de 54547575645676752€ payable qu'une seule fois.






































Nan j'déconne. Tout a été dit et donc j'voulais un peu changer des autres mais c'est un peu dur à faire à part les "j'aime beaucoup", "c'est super", "merveilleux", etcétéra, etcétéra.
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeDim 28 Déc 2008, 7:06 pm

Mdrr... xD
J'ai pas l'argent pour l'amende, tu me dépannes ? =P

Merci. ♥️
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeDim 28 Déc 2008, 10:42 pm

Hin hin, j'dépanne pas, c'est moi la douane et puis c'est mo aussi qui reçoit le fric, DONC ça servirait à rien que j'me paye moi-même.
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MessageSujet: Re: *Textes de Milana*   *Textes de Milana* I_icon_minitimeSam 17 Jan 2009, 5:54 pm

xD

_____


Un autre texte pour un concours (concours Textimages ; il faut écrire un texte à partir d'un tableau suivant certaines contraintes). Celui que j'ai choisi est celui-ci (qui représente Bacchus adolescent) : •••. J'ai choisi de faire parler la coupe de vin qui y figure.


Coupe de vin


Le peintre observe.
Le peintre rêve.
Le peintre espère.
Le peintre s’efforce de donner l’illusion de la réalité avec les couleurs de ses songes.
Le peintre me fixe d’un regard brumeux pour tenter de saisir l’étincelle de vie qui brûle en moi.
Sans doute est-il bien présomptueux – je ne suis qu’une coupe de vin. On a placé à mes côtés un prétendu jeune Dieu couronné de vigne, qui a refermé sur moi ses doigts humains ; on m’a emplie d’un breuvage dont je ne puis goûter la saveur, apprécier l’arôme ni déceler les subtiles nuances sanguines.
Je ne suis qu’un objet – sans âme, dira-t-on. Et pourtant, je perçois le monde alentour, je sens ses mille vibrations, la colère dont il retentit, les couleurs dont il resplendit, et tout cet espoir enfoui dans ses profondeurs, que les hommes n’ont pas su trouver encore. J’entends le souffle du monde, sa respiration haletante, les prémices d’une plainte d’agonie ; mais j’entends aussi les rires du vent qui joue avec le soleil, la danse de la pluie qui peint l'arc-en-ciel.
Le peintre est comme la pluie – incertain, éphémère, mal-aimé. Artiste.
Et le peintre rêve encore. Il trempe son pinceau dans la couleur en ayant la sensation de plonger un doigt dans le vin que je recueille. Il en respire le parfum, s’en enivre. Bacchus est là pour veiller sur lui ; il est là qui contemple en silence l’homme qui fera de lui une œuvre d’art.
Et moi, je ne bouge pas.
Je ne suis qu’une coupe de vin. Les courbes harmonieuses de ma silhouette, mon éclat cristallin, la promesse d’ivresse que je contiens, tout cela m’est étranger.
J’écoute.
J’écoute la caresse du pinceau sur la toile, l’étreinte passionnée du rêve et de la réalité.
J’écoute le silence et l’immobilité.
J’écoute la lumière légère et l’obscurité sereine.
J’écoute le murmure du temps qui s’écoule.
Au fil des jours, à mesure que la scène prend vie sous les couleurs du peintre, l’atmosphère se fait plus légère. Un sourire se dessine sur son visage. Il semble toujours tourmenté lorsqu’il pénètre dans son atelier. Sa vie est une succession de sombres gouffres ouverts sous ses pas et de vents violents cherchant à le faire ployer. Je sais qu’il provoque en son époque querelles et scandales. Mais l’art l’apaise. Il sait panser ses blessures – celles qui demeurent invisibles et qu’aucun remède n’a le pouvoir de guérir.
Le peintre espère.
Le peintre rêve.
Le peintre observe.
Et ses yeux m’effleurent, me parcourent, me réinventent.
Sa peinture à l’huile est l’élixir de vie dont il pare le monde pour l’immortaliser. Il joue avec les nuances, empourpre une grappe de raisins, accentue le teint rubicond des joues rebondies d’une pomme, offre une robe de verdure à la vigne ceignant le front du jeune homme. Il modèle l’ombre et la lumière, les entrelace. Il souligne d’obscurité le regard du Dieu, décline les teintes rosées de son visage adolescent. Comme la pluie, il peint l’arc-en-ciel, voguant des flammes brûlantes du rouge le plus profond à la fraîcheur immaculée du blanc le plus pur.
Et je reste là, immobile, silencieuse, solitaire.
Je ne suis qu’une coupe de vin ; j’appartiens au dieu des vignes, de l’ivresse et du théâtre. J’appartiens au décor de drapés blancs, de fruits abondants et de vains ornements. J’appartiens au peintre. J’appartiens aux hommes qui m’ont façonnée comme l’artiste façonne l’image. J’entends tout, je ressens tout, et pourtant je ne suis pas libre. La seule liberté est un mot qui à mon esprit est aussi étranger que la vie. Encore que...
J’observe.
Je rêve.
J’espère.
Je porte au peintre une attention aiguë qui ne semble pas même pouvoir détourner son regard de son œuvre en devenir.
Je n’ai aucun pouvoir sur lui.
Je ne suis qu’une coupe de vin.
Je ne suis qu’une coupe de vin, et je rêve d’une vie à consommer sans modération.

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? »
[Lamartine]

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