[Projet de roman] Because I want you.

Chapitre 1
As long as I’m living
I’ll be waiting
[Lenny Kravitz]

Je me réveillai difficilement d’une sieste revigorante. De quatre heures. Au début, j’avais un peu de mal à trouver le sommeil, puis je me suis faite à ce rythme de chat de salon. La vie est tellement plus simple ainsi.
En ne fréquentant plus personne, j’évite toute déception et tristesse. J’ai déjà connu ça. Je me suis déjà aventurée dans le terrain miné de l’amour. Au départ, je ne demandais que ça. Il était gentil, tendre et attentionné. Et puis, lorsque je me suis rendue compte que j’avais été aveugle et naïve, que celui qui prétendait m’aimer ne tenait pas plus à moi qu’à un mouchoir en papier, j’ai senti une profonde déchirure dans mon cœur.
Avec le temps, elle s’est guérie. Mais je ne veux pas prendre le risque de la rouvrir. Je sais qu’elle est fragile. Je suis fragile. Toutes les filles comme moi devraient se coller une étiquette : MANIER AVEC PRÉCAUTION. NE PAS DÉCEVOIR.
Après ma douloureuse rupture, j’ai décidé que mon amie de toujours, Aileen, me donnerait suffisamment d’affection. Je m’étais trompée, et ressentait toujours ce vide en moi.
Puis, un jour, je grignotais simplement dans le fast-food du coin (ma paye de secrétaire médicale ne me permet pas la café branché d’à côté), quand ma dégustation de frites a été brutalement interrompue par une sensation très étrange que je n’avais jusqu’alors jamais ressentie. Une incroyable et quasi-irréelle béatitude. Malgré le fait que mon pouls ait été multiplié par 100, minimum, je me sentais merveilleusement bien. J’étais comme sur un petit nuage. Mon regard s’est machinalement tourné vers l’entrée du resto rapide, et j’ai compris l’origine de cette sensation.
A la seconde où mon regard s’est posé sur lui, j’ai su qu’il était mon Heathcliff, mon Edward Cullen, mon Mr Darcy. Il est mon âme sœur. Je ne crois pas au coup de foudre, ni à tout ce qui va avec. En le voyant, ces mots là ont pris tout leur sens.
Humain était un terme bien faible pour le qualifier, ou alors, c’était le plus beau des humains du monde. J’étais d’une nature terre-à-terre, alors, bien que je ne pensais pas que je méritais de voir un jour en personne le plus bel homme que l’on ait pu créer, j’optai pour la seconde hypothèse.
Je lui donnais entre 1m85 et 1m90. Son corps était musclé, parfait, son allure assurée, mais sans donner l’impression d’être plein d’orgueil. Son visage était plus que parfait. Des traits fins, absolument sublimes, des yeux bleu clair, légèrement masqués par quelques mèches brunes aux reflets auburn, le tout illuminé par un sourire franc, amical et sincère. Je n’avais jamais vu une telle harmonie sur un visage humain.
A ce moment là, j’ai su que je ne pourrais vivre sans lui.
Je suis persuadée que notre rencontre n’est qu’une simple coïncidence, et que, par conséquent, nous ne nous recroiserons plus jamais. Londres est loin d’être le genre de ville où tout le monde connaît tout le monde.
Et puis, si mon premier amour, plus une amourette de gamins qu’autre chose, m’a tant brisée, que va-t-il arriver si c’est lui qui doit me blesser ? Cassé, fichue, bonne à enterrer.
J’ai décidé alors qu’il vaut largement mieux cesser de vivre.

Depuis, je m’enferme dans mon appartement. Je suis une très grande froussarde, et le mot est plutôt faible. Je sais que j’aurais dû tenter quelque chose, n’importe quoi, pour ne pas le perdre de vue, mais non. Tétanisée, je n’ai rien fait. C’est dans le même état d’esprit que j’ai décidé de me couper du monde. De cesser de vivre, sans pour autant passer par la case cimetière.
Je me persuade que si tel est mon destin, nous nous reverrons, il reviendra, et je le sentirai. Sinon, tant pis.
Dans quatre semaines, mes congés étaient épuisés, et je perdais mon boulot que j’avais eu tant de difficultés à obtenir. Cela m’importait peu.
De temps en temps, j’envoie un signe de vie sous forme de texto à Aileen, prétendant que tout va bien et que je ne sais pas quand je serai de retour. J’ajoute aussi que je ne veux de l’aide de personne. Merci, au revoir.
Combien de temps vais-je tenir comme ça ? Je n’en ai aucune idée.

Bien que je vienne de prendre une douche, je me sentais affreusement sale. Ce n’était pas moi, mais mon logis qui était crasseux. Mais à quoi bon faire le ménage ? Au point où j’en étais, je pensais ne plus jamais avoir à accueillir personne dans cet appartement à la base potable devenu un véritable taudis.
Je ne voyais plus le temps passer. Néanmoins, une dernière notion du monde extérieure me restait : le temps restant avant la fin de mes congés, qui s’ensuivrait pas un licenciement. Avec si peu de diplômes et d’expérience, cet emploi avait été particulièrement difficile à dénicher. Ce n’était que faut de candidats qu’ils s’étaient résolus à m’embaucher… Je me rendais peu à peu compte que jamais plus je n’aurai un tel coup de chance, qu’il valait mieux me rendre au centre médical, faire semblant d’aller bien pendant quelques heures, repartir avec un sac en papier sur la tête, si besoin, mais surtout, ne pas m’afficher. Certes, la ville était loin d’être le genre où tout le monde connaissait tout le monde, mais avec la chance que j’avais, j’étais prête à parier que j’allais tout de même le revoir… C’était évident. Je refusais de tomber sous son charme, puis en devenir tellement amoureuse que je ne pourrai plus m’en passer. Je ne voulais pas prendre le risque d’être détruite si jamais il venait à ne pas vouloir de moi.
Prenant le peu de courage qui me restait, je me mis en route vers le centre médical.
***
En entrant dans le bâtiment, un changement sur le panneau indiquant les médecins et l’étage correspondant me sauta aux yeux. Le nom du médecin généraliste avait changé. « Garett Holmes. » Pour une raison que je ne compris pas, je ne sentais pas ce nom. Il ne m’inspirait rien de bon. Je craignais le pire, alors.
J’entrai dans la salle principale – l’accueil, s’entend – puis saluai brièvement ma collègue et celle que je devinai comme étant ma remplaçante.
- Emmy, qui est ce nouveau médecin ?
- Garett ? interrogea ma consœur, tandis que j’acquiesçai. Si tu voulais le voir, c’est raté. Il est parti il y a 20 minutes. Pour une urgence, mais pas médicale. Personnelle.
- Oh, et vous ne savez pas pourquoi…
- … non, me coupa miss-bouclettes.
La curiosité m’avait fait oublier la véritable raison de ma visite :
- Euh, je… Je crois que mes congés sont bientôt terminés… mais je ne sais pas trop si je pourrai reprendre le boulot…
- Ecoute bien, Ivy, ce n’est pas si compliqué : soit tu vas voir un médecin et il te donnera des congés, si nécessaire, soit tu reprends, parce que si tu ne viens pas demain, t’es virée.
Je n’avais jamais particulièrement apprécié cette Emmy, mais là, elle venait de faire une chute libre dans mon estime. Je ne supportais pas qu’une pauvre fille avec encore moins de qualifications que moi me parle comme à une arriérée.
- Comme si je ne le savais pas, sifflai-je, sarcastique.
- Inutile de m’agresser comme ça ! Tu n’es pas ma patronne !
Ah parce que c’était moi qui l’agressait ? Elle est marrante, elle, songeai-je. Je me tus, sachant bien qu’avec ce genre de filles toutes droit sorties d’un « soap » américain, rien ne servait de répliquer, elle trouverait toujours un moyen de me faire passer pour l’idiote, alors que, de nous deux, c’était elle qui emportait, de loin, la palme de la bêtise.
Brusquement, je me rendis compte que la pauvre idiote en question n’avait pas complètement tort. Je n’allais tout de même pas aller voir un médecin ! Qu’allais-je lui dire ?
- Je reprends le boulot demain.
Je me retins d’éclater de rire devant son teint devenu blafard qui trahissait tout ce qu’elle pensait. « Cinq semaines sans cette …, c’était trop beau pour durer ! »
- D’accord, je préviendrai Garett.
Oui, c’est ça, prends toi donc pour une grande dame et retourne tapoter sur ton clavier en répondant au téléphone de cette insupportable voix faussement aimable.
Sur le chemin du retour, capuche sur la tête, je ne pus m’empêcher de jeter un regard vers le fast-food…
Il y a un mois, je m’étais enfermée pour éviter tout risque de le revoir… Et là, j’étais quasiment en train d’espérer revoir son visage…
Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis… Or, je suis stupide. Alors qu’était-il en train de m’arriver ?

La routine reprenait. Je me levai tôt pour me rendre au travail, comme avant. Je tentai de retrouver quelques vêtements propres, pris un rapide petit déjeuner et sortis de chez moi. Après être restée des semaines enfermée, j’avais peur de ressembler à un cadavre, surtout sans maquillage. Je me posais ces questions trop tard ; j’étais déjà sortie hier. Mais ce matin, tout était différent. La veille, les gens que je pensais voir n’étaient que des personnes qui me connaissaient. Aujourd’hui, j’allais peut-être rencontrer le fameux docteur Holmes. Des milliers de questions fusaient dès que j’évoquais ce nom, cet inconnu : à quoi ressemblait-il ? Quel âge avait-il ? Que s’était-il passé hier pour qu’il s’en aille en urgence, délaissant ses patients ? Cette dernière énigme me troublait. Emmy avait parlé de raisons personnelles. Des tas de choses stupides me venaient à l’esprit, mais jamais rien de très logique. Partons du principe que tout finit toujours par se savoir ; je n’avais qu’à cesser de faire des hypothèses idiotes et attendre. J’attendrai mon tour, telle une gamine dans une file d’attente. De toute façon, je n’avais pas trente-six solutions.
J’arrivai au centre médical quelque peu en avance, bien que j’eusse pris mon temps sur le chemin. J’avais certainement perdu la notion du temps. Je pris place à mon bureau poussiéreux. Quelques médecins étaient arrivés, mais Garett tardait à se pointer. Il ne se doutait pas une seconde qu’une inconnue était là, à espérer son arrivée ; que cette inconnue ne le connaissait pas non plus, et qu’elle se posait des milliers de questions ; qu’il y avait des risques pour qu’elle soit déçue, qu’il ne vienne pas ce jour aussi, mais elle espérait de tout cœur le contraire, même si c’était vain.
J’avais cette incompréhensible intuition qu’il allait arriver quelque chose de différent, que ce Garett allait casser ma triste routine quotidienne, qu’il changerait quelque chose dans ma vie. Alors je ne savais que faire, que penser ; ce bouleversement allait-il être positif ou non ? Certes, je sentais quelque chose, mais cela pouvait tout aussi bien être bon que nuisible. Dans ce dernier cas, je craignais l’issue qui risquait fort d’être funeste.
Alors je décidai de cesser d’y penser et de me concentrer sur mon travail bien qu’il fût parmi les plus ennuyants. Je regardai la liste des patients qui avaient pris rendez-vous pour aujourd’hui. Elle était loin d’être pleine, et j’allais sûrement recevoir des appels tôt dans la matinée venants d’enfants qui auraient attrapé un truc hier et qui ne pourraient pas venir, de petits vieux qui s’inquièteraient pour quelque chose qui allait certainement s’avérer bénin, de jeunes hommes qui se seraient subitement mis à tousser, se moucher et qui ne pourraient par conséquent pas se rendre au bureau. Certaines secrétaires médicales étaient très fières de l’être car elles avaient le sentiment d’aider à sauver des gens. J’étais absolument incapable de les comprendre. Moi, j’avais juste le sentiment de répondre au téléphone et de prendre des rendez-vous… Qu’y avait-il d’extraordinaire, franchement ? Je trouvais même ça plutôt ennuyant que palpitant. Elles se croyaient sûrement dans ce genre de séries médicales idiotes où tout le monde finit par coucher avec tout le monde, où les secrétaires ont des allures de péripatéticiennes et où le beau et riche docteur épouse une patiente avec laquelle il a eu le coup de foudre et qu’il aime comme jamais il n’avait aimé de femme – souvent je me dis que cela signifie qu’il aimait un homme avant… C’est un point de vue qui m’a toujours paru logique, évident, surtout quand le personnage en question porte une chemise rose, allez savoir pourquoi. Je ris doucement tout en souhaitant que le docteur Holmes ne soit pas du genre à porter des chemises roses et à regarder les patients plutôt que les patientes…
Ma collègue préférée poussa la porte et arrive, du haut de ses talons aiguilles – très utiles pour draguer puisque personne ne pouvait voir sous le bureau – et vint s’affaler sur sa chaise avec cet éternel air hautain. Je constatai que Madame s’était rendue chez le coiffeur en voyant son brushing éclatant. Elle devait se sentir superbe avec ses boucles blondes décolorées de star de cinéma, mais me donnait plutôt envie d’éclater de rire tant elle avait le don de se rendre ridicule, tout en étant persuadée qu’elle était des plus belles.
- Bonjour Emmy, dis-je, par simple politesse.
- ‘lut, se contenta-t-elle de marmonner.
- Tu as l’air tellement contente de me revoir, ça fait plaisir, ironisai-je.
- Tu n’imagines même pas…
Le téléphone sonna et je n’eus même pas le temps de comprendre, la blonde s’en empara. Après quelques « hum hum » et « d’accord, oui, c’est entendu » très aimables, elle raccrocha le combiné. Je m’attendais à ce qu’elle écrive un nom à une des lignes libres dans le tableau des rendez-vous, mais au lieu de ça, elle se tourna vers moi prenant un air solennel que je trouvai risible à souhait.
- Le docteur Holmes reviendra dans l’après-midi. Il faut qu’on annule tous les rendez-vous de ce matin, ou qu’on les reporte.
- D’accord, je vais m’en charger.
Bien que je fusse obligée de bosser un peu plus que d’habitude, ce n’était pas cela qui me tracassait. J’allais enfin avoir les réponses à toutes mes interrogations.

Vers onze heures et demie, je pris ma pause repas. En descendant, je passai devant le fast-food. Ce fast-food là. J’avais l’habitude d’y déjeuner régulièrement avant que je ne m’arrête de travailler, mais je ne voulais plus y mettre les pieds, c’était plus fort que moi. Alors je marchai quelques mètres de plus, jusqu'au Subway, la sandwicherie où l’on peut personnaliser son repas à volonté. C’était tout ce qu’il me fallait car je n’avais aucune envie de sombrer dans la routine ; le même repas tous les midis, c’était d’un ennui !
Je choisis un sandwich assez classique pour la première fois : salade, jambon, tomates, et ce truc français très acide, les cornichons, je crois. Je m’assis sur le rebord d’une fontaine et dégustai mon repas au bord de l’eau, bercée par le doux bruit de son écoulement. J’aimais l’eau ; sa clarté, ses reflets, sa pureté, la couleur qu’elle pouvait prendre à certains endroits, sa beauté naturelle… Cet élément me fascinait d’autant plus qu’elle garantissait la vie. Dès que l’on voit de l’eau, ont sait que l’on pourra survivre, et je trouvais cela magnifique.
Tandis que je rêvassais, le temps s’écoulait et ma demi-heure de liberté touchait à sa fin. Je dus, à contrecœur, retourner vers le centre médical, m’installer derrière ce bureau de malheur et reprendre mes fonction de secrétaire, métier que je méprisais chaque jour un peu plus. La principale raison était ma peur de la routine ; je ne supportais pas que tous les jours se ressemblent, cela me donnait l’impression de répéter la même chanson en boucle et la vie n’avait de ce fait plus aucun intérêt. Alors je voulais que, parfois, des petites choses viennent chambouler ce train-train quotidien, mais pas trop non plus ! Les évènements trop extraordinaires m’effrayaient. En conclusion, j’aimais ma vie bien rangée, mais avait besoin de petites surprises, juste des toutes petites pour ne pas m’ennuyer.
J’étais sacrément dérangée de la tête.
Et l’arrivée de ce fameux docteur était le bouleversement idéal. Ni trop ceci, ni pas assez cela. Comme l’arrivée d’un nouveau personnage dans une série qui commence à tourner en rond.
Mais je me faisais de plus en plus impatiente. Le cabinet allait rouvrir d’ici peu et les médecins étaient censés arriver en avance. Plus que cinq minutes avant l’ouverture.
Quatre.
Emmy n’était pas encore là, c’était au moins cela. Mais j’espérais que ce n’était pas elle qui le retardait. « Oh, bonjour docteur, quelle coïncidence, je rentre de ma pause repas, et vous voilà qui arrive. » « Qui arrivez. » « Pardon ? » « C’est vous qui arrivez, on dit. » Et elle rigolerait comme une cruche, ce que les machos adorent. Ces hommes qui aiment les filles stupides et faibles, pas capables de soulever un kilo de farine ou de cuisiner sans mettre le feu à la maison ; ils adorent ça, ils ont la sensation de les protéger, ces pauvres filles. Emmy n’a certes pas compris tout cela, mais elle sait qu’elle leur plait, aux hommes, bien qu’elle n’en sache pas la véritable raison.
Trois…
La porte s’ouvrit ; je ne voyais pas encore la personne, mais en déduis aux bruits de pas qu’elle était seule et… le son des chaussures ne ressemblait pas du tout aux talons aiguille d’Emmy.
La porte se referma ; la personne avança, encore un peu et je la verrai.
C’était un homme, en chemise bleu clair, de dos. Ses cheveux bruns assez courts en bataille mais sans avoir l’air sale me rappelaient quelque chose. Il se retourna.
Je lui donnais entre 1m85 et 1m90. Son corps était musclé, parfait, son allure assurée, mais sans donner l’impression d’être plein d’orgueil. Son visage était plus que parfait. Des traits fins, absolument sublimes, des yeux bleu clair, légèrement masqués par quelques mèches brunes aux reflets auburn, le tout illuminé par un sourire franc, amical et sincère. Je n’avais jamais vu une telle harmonie sur un visage humain.
Stupéfaite, paralysée, ébahie, mon teint était devenu livide, mes yeux étaient écarquillés, je n’y croyais pas. Etais-ce de la malchance ou une formidable coïncidence ? Etais-ce le destin ou le hasard ? Une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
Je ne savais comment réagir ; ni si je devais prendre cela comme une bonne chose, ni si je devais me dire, comme dans les films, que c’est le destin, que nous sommes faits l’un pour l’autre, qu’il ne sert à rien de fuir. Mais je ne croyais pas aux horoscopes, au tarot, à la numérologie, aux histoires de vie toute tracée à l’avance, des choses qui arriveront forcement, qu’importe ce que l’on fait pour y échapper… A mon avis, les voyantes étaient juste des menteuses qui cherchaient à se faire de l’argent. Les sciences occultes ne pouvaient pas être appelées « sciences » puisque c’était bidon. Mais ce que j’étais en train de vivre remettait en cause toutes mes convictions. J’avais tout fait pour ne plus jamais le revoir, et là, comme par hasard, l’ancien médecin quitte ses fonctions et c’est Garett Holmes qui le remplace, quelle coïncidence ! Je préférai me dire que c’était le hasard, la loterie bien que je ne sache pas encore si j’étais chanceuse ou infortunée ; le contraire me faisait trop peur.
- Bonjour, vous êtres Ivy, c’est ça ?
- Ou… Oui c’est bien ça.
- Vous avez l’air mal à l’aise, j’espère que ça ne vient pas de moi…
- Non, non ! Pas du tout, enfin… Je… ça va, ça va, ne vous inquiétez pas.
- D’accord. Il faut que vous sachiez que c’est moi qui ai racheté le centre médical, donc pour tout ce qui est congés et choses qu’on voit avez le patron… C’est moi qu’il faut allez voir. Mais je crois que vous avez déjà épuisé vos semaines de vacances.
- Oui.
- Tant pis. Euh, une dernière chose, votre adorable collègue, Emmy, elle ne pourra pas venir travailler cet après-midi et pendant trois jours, je crois. Je l’ai croisée alors qu’elle descendait prendre son repas et elle se sentait super mal alors je l’ai arrêtée.
- Ah, d’accord.
- Il me semble qu’elle a laissé un petit mot pour vous, elle est vraiment sympa, non ?
- Non.
- Vous… vous ne vous entendez pas bien ?
- Pas bien du tout ! Mais ne vous inquiétez pas, ça ne m’empêche pas de bosser. Elle non plus. Ce qui la distrait, elle, ce sont les visiteurs, surtout quand ils sont bien foutus.
- Ah… Bon ça va ouvrir alors je… j’y vais. Dans mon cabinet si vous me cherchez. Ca ira pour le boulot… toute seule ?
- Sans problème. Allez, ne vous faites pas de souci, je suis débrouillarde, pas besoin de remplaçante pour trois jours.