Errante. (histoire commune fantastique)

J’ouvre mes paupières aux cils collés par des larmes de fatigue. Ma vue est floue, j’habitue peu à peu mes yeux à l’environnement qui m’entoure. Le lit aux draps défaits se dessine avec beaucoup d’ombres et de plis, un mur gris, qu’un grand tableau abstrait aux couleurs de lune recouvre de toute sa largeur, se concrétise, et un homme à la carrure impressionnante apparaît comme si l’on avait gratté petit à petit le trouble tartiné sur mes pupilles. Je me relève, et un froid soudain m’envahit. La pointe de mes seins nus frémit, de multiples petits picots et picotements se forment sur mon téton rosé. Je ne sais pas où je suis, ni qui est l’homme dont les iris d’argent transpercent un à un chaque pore de ma peau découverte. Je veux me cacher sous ces draps à l’apparence soyeuse, mais ils sont roulés en boule au bout du grand lit à baldaquin et je n’ose les tirer vers moi de peur de révéler le reste de mon corps. Je place donc mes longs cheveux noirs aux reflets bleutés sur mon torse frissonnant.

Je fixe intensément l’homme qui me fait face : ses cheveux couleur magma sont ébouriffés, sauvages. Une serviette rouge et or entoure sa taille et de son torse aux muscles saillants ruissellent une multitude de gouttes claires : j’en conclus qu’il sort de sa douche matinale. Je remonte le long de ses muscles abdominaux, survole son menton fin sur lequel de premières pousses de poils roux font leur apparition, puis j’escalade des yeux ses lèvres claires et velouteuses comme un bourgeon de rose, enfin je contourne ses narines bien dessinées, glisse sur la petite bosse sur l’arête de son nez et fait marche arrière. Nez, bouche, menton, abdos, serviette de bain et … La serviette trempée d’eau froide a disparu ! Je me cache les yeux de mes deux petites paumes brûlantes tandis que je sens les baisers de l’inconnu parcourir mon cou.
« Arrête, lui ai-je murmuré à l’oreille »
Il obéit. Il se penche ensuite, ramasse ses vêtements et les miens et nous nous rhabillons chacun de notre côté, gênés.

« Qui es-tu ? ai-je demandé, rougissante. »
Le jeune homme à la crinière flamboyante me regarde, surpris. Puis il me tend sa serviette mouillée. J’aborde d'abord une mine de refus, presque de dégoût puis je regarde ce qu’il me tend : Rouge et or, marquée de l’insigne royale, oh mon dieu ! J’ai devant moi le prince de l’Astre …